Le « fiscal cliff » : une pente dangereuse

Par: Barbara Zigah

Si le Président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, recevait un dollar à chaque fois qu’on prononçait ou imprimait le terme qu’il a inventé, il sera multimillionnaire… Bien entendu, étant donné la dépréciation du dollar, ce n’est plus ce que c’était. Le « fiscal cliff » menace les États-Unis depuis déjà plusieurs semaines et le gouvernement américain sera au bord du précipice dans seulement quelques jours.

Avec l’approche des derniers jours de l’année, les membres du Congrès devraient être de retour dans leur circonscription respective pour passer du temps avec leur famille et leurs amis. À la place, ils sont à Washington avec le Président Obama (qui a abrégé ses vacances à Hawaï) pour chercher à trouver un accord visant à éviter la crise fiscale.

Si le gouvernement américain échoue à empêcher cette dernière, plusieurs événements négatifs entreront en scène. D’abord, l’expiration de certaines réductions fiscales fédérales favorisera une augmentation des impôts de 536 milliards de dollars pour les contribuables américains. Une enquête estime que cela pourrait représenter 2400$ par famille gagnant entre 50 000$ et 75 000$.

Ensuite, 110 milliards de dollars de coupes budgétaires affecteront différents programmes du gouvernement, en particulier la défense, le budget du Pentagone étant par exemple réduit de 9%. Seuls quelques programmes spéciaux du gouvernement, comme la Sécurité sociale et les programmes pour les vétérans et les pauvres ne subiront pas de réductions de budget. Le gouvernement, dès lors, sera forcé de réduire considérablement ses contrats et pourrait renvoyer des milliers de fonctionnaires ; une estimation du Bureau du budget du Congrès fait état de 3,4 millions d’emplois perdus (au gouvernement et dans le secteur privé).

Les analystes et les économistes prévoient que les événements précipités par le « fiscal cliff » enverront le pays dans la récession, augmentant le taux de chômage déjà peu encourageant et renforçant les troubles des marchés financiers. À la clôture du trading de la semaine dernière, les cours des actions ont chuté dans le monde, et Wall Street a connu sa troisième journée de perte hier. Mais les marchés des actions européens se sont légèrement renforcés aujourd’hui sur l’espoir que le gouvernement américain pourrait faire un miracle.

Le peut-il ? Ou est-ce trop tard ? L’économie américaine mettra du temps à réagir à l’augmentation des impôts et aux coupes budgétaires, et les marchés financiers ont déjà pris en compte la possibilité d’une chute, aussi les choses ne seront pas nécessairement aussi mauvaises que prévu par certains. Il y a en effet toujours de l’espoir tant que les politiciens travaillent à la résolution de la question, même en cas de mise en œuvre automatique au 1er janvier des augmentations d’impôts et des réductions des dépenses. Si un accord est trouvé, ces événements automatiques pourraient être annulés de façon rétroactive également.

La question reste de savoir si un accord peut être trouvé, évidemment. Il y a encore beaucoup de soucis à ce niveau, en particulier en cela que les taux d’imposition s’appliquent aux foyers les plus riches (les Démocrates veulent augmenter les impôts pour les plus riches, et les Républicains le refusent) et que des réductions des dépenses plus profondes et permanentes sont exigées par les Républicains, en opposition à la position des Démocrates. La façon dont le gouvernement fédéral pourra continuer à fonctionner malgré ses dettes conséquentes est également un souci majeur. Les Républicains aimeraient réduire le taux de croissance de certains programmes d’aides sociales afin de réduire la dette, ce à quoi s’opposent farouchement les Démocrates. La classe moyenne semble au moins avoir le support tant des Démocrates que des Républicains qui souhaitent la protéger des augmentations d’impôts, mais, au final, sans accord, la classe moyenne devra assumer la majorité des conséquences.

Malgré ce qu’affirment certains optimistes sur le « fiscal cliff », les choses ne semblent pas bien parties pour un grand nombre d’Américains, au moins à court terme. Cette séance du Congrès américain devrait continuer encore quelques jours avant que les nouveaux Sénateurs et membres du Congrès n’héritent de tous ces problèmes, ce qui pourrait encore repousser un accord éventuel. En attendant, l’économie sera frappée de plein fouet et l’arrivée de la récession ne sera qu’une question de temps.



Barbara Zigah
Barbara Zigah a obtenu une licence en finance de l'Université du Maryland il y a très longtemps (elle ne veut pas avouer combien), et a travaillé à Wall Street. Mais ce n'est qu’il y a quatre ans qu'elle a commencé sa carrière dans l'écriture financière, et c'ici même, à DailyForex.com que tout a commencé, lorsque le CEO a vu en elle un potentiel frais et inexploité et lui a donné sa chance. Elle n'a jamais regardé en arrière. Depuis, elle travaille indépendamment en tant que journaliste et rédacteur pour des services financiers et l'industrie liée au Forex.