Par: Barbara Zigah
La pression sur l’euro s’était déjà réduite après le versement par les législateurs de la zone euro du paiement de renflouement à la Grèce. Désormais, l’euro reçoit du support d’une source inattendue : la Grèce elle-même ! L’euro présente une tendance haussière face au dollar U.S., et est parvenu à renforcer ses gains hier sur l’hypothèse que le rachat de sa dette souveraine par la Grèce serait une opération plus aisée que par le passé. Jusqu’à présent la demande du rachat semble positive, et les experts estiment qu’un rachat réussi permettra de débloquer le prochain versement d’aide de la Troika, mais placera qui plus est la dette du pays à un niveau soutenable. Selon un représentant du gouvernement grec, plus de 10 milliards d’euros seront utilisés pour racheter sa dette souveraine à des cours intéressants.
Les données économiques grecques ont également été la raison de la hausse de l’euro ; bien que toujours en récession, les données indiquent des améliorations dans le secteur clé des exportations, avec un taux de croissance parmi les plus forts de la zone euro. Selon Christian Noyer, membre de la Banque centrale européenne et gouverneur de la Banque de France, l’économie grecque pourrait rebondir si des réformes structurelles sont mises en place. Selon lui, le gouvernement grec doit prouver aux investisseurs qu’il est sincère à propos de ces réformes même tout en réduisant sa dette, ce qui pourrait être réalisé grâce à une administration efficace et une réduction de la bureaucratie. Cela pourrait renforcer la croissance qui plus est.
Le coût des emprunts pour d’autres pays en difficultés financières de la zone euro a également chuté plus tôt dans la semaine, et les analystes anticipent que l’euro pourrait afficher des gains supplémentaires avant la fin de cette semaine grâce à des rendements améliorés durant les ventes d’obligations italiennes et espagnoles. L’enthousiasme du marché a d’ailleurs peu réagi aux nouvelles de mardi concernant une augmentation du chômage en Espagne pour atteindre 5 millions, soit une hausse de 1,5%, et un désaccord entre les responsables français et allemands sur l’union bancaire.
À un moment durant le trading de mardi, la paire EUR/USD a atteint 1,3041$, un niveau qui n’avait pas été vu depuis un mois, et est restée en territoire positif la majorité de la journée. Les marchés vont maintenant se concentrer sur les données des emplois non-agricoles aux États-Unis pour le mois de novembre, qui seront publiées vendredi.
Une étude récente montre que les analystes et les économistes prévoient que les données montreront la création de 91 000 nouveaux emplois, soit une chute conséquente par rapport aux 171 000 emplois du mois d’octobre. Si les données sont aussi mauvaises que les prévisions, il y aura peu de doutes que l’engagement à long terme de la Réserve fédérale envers un taux d’intérêt réduit sera perçu comme justifiable. D’autre part, sachant que la saison de Noël est arrivée, certains analystes minoritaires pensent que ces estimations sont trop faibles et que les embauches saisonnières résulteront en un nombre bien plus élevé, jusqu’à 180 000. Dans ce cas-là, il pourrait y avoir une réaction impulsive à la nouvelle qui pourrait faire chuter la paire EUR/USD.
Aujourd’hui, cependant, les résultats du secteur privé en matière d’embauche (qui présagent en général les chiffres officiels du gouvernement) seront publiés, les analystes prévoyant une chute à 125 000 nouvelles embauches en novembre par rapport aux 158 000 du mois d’octobre. Des chiffres plus élevés devraient provoquer une réaction impulsive, mais permettront d’avoir une idée du sentiment concernant les chiffres officiels de l’emploi non-agricole vendredi.