Le vote surprise en faveur d’une sortie de l’Union européenne a poussé les marchés mondiaux dans un état d’agitation certain et la livre a chuté à son niveau le plus bas depuis plus de 30 ans. Le processus de divorce du Royaume-Uni de l’Union européenne n’a même pas encore commencé et on parle déjà des murmures de regret de 1,6 millions de Britanniques qui ont maintenant signé une pétition sur le site Web du Parlement pour demander la tenue d’un second référendum.
Un nouveau vote est peu probable et, même si il est vrai que le référendum n’est pas contraignant et que le prochain Premier Ministre du R.U. n’est soumis à aucune obligation légale de mettre en action le résultat du vote, cette option a été écartée par les autres dirigeants de l’U.E. Il serait extrêmement difficile d’ignorer l’opinion des 17,4 millions personnes qui ont voté pour sortir de l’Union et le Brexit fera donc certainement son chemin.
Déclenchement du Traité du Lisbonne
Le processus de séparation n’est toutefois pas immédiat. La première étape est pour le R.U. d’invoquer l’Article 50 du Traité de Lisbonne et de mettre en place un calendrier de deux ans pour des entretiens formels. Le Premier Ministre David Cameron a dit qu’il était de la responsabilité de son successeur de déclencher le traité, mais un nouveau chef ne sera pas sélectionné avant au moins trois mois. Boris Johnson, le favori pour prendre le relais, a indiqué vendredi qu’il n'y a pas d’urgence à entamer officiellement les négociations et plus longue sera l’attente, plus le pouvoir de négociation sera dans les mains de la Grande-Bretagne. Une fois que le traité sera déclenché, l’avantage reviendra aux 27 autres pays, aussi le planning de l’Article 50 est tout à fait crucial. Il semble donc probable que le R.U. ne sortira pas de l’U.E. avant la fin de l’année 2018 au plus tôt.
Le déclenchement des négociations n’a pas à suivre une manière formelle et peut prendre soit la forme d’une lettre au Président du Conseil européen, soit une déclaration officielle lors d’une réunion du Conseil européen, notée dans les documents officiels de la réunion. Un fonctionnaire de l’U.E. a d’ailleurs souligné que cela «... n’a même pas à être par écrit. Il peut simplement le dire. »
Les dirigeants européens préfèreraient voir Cameron lui-même lancer le processus dans les prochains jours ou les prochaines semaines et de nombreux Britanniques partisans du Brexit souhaiteraient que le gouvernement négocie une nouvelle relation globale avec l’U.E. qui permettrait d’assurer l’accès aux marchés sans avoir à se soumettre à la réglementation européenne ou à la migration ouverte, même avant de s’engager sur un planning de deux ans fixé pour les négociations après le déclenchement de l’Article 50.
Les fonctionnaires et les dirigeants de l’U.E. craignent qu’une attente prolongée avant les négociations commencent avec Londres ne déclenche un effet domino pour d’autres États qui souhaiteraient quitter l’organisation multinationale. Il n’y a aucun moyen légal, cependant, de forcer la Grande-Bretagne à démarrer le processus sinon exercer une pression politique intense sur Cameron pour honorer sa promesse de le faire. La pression a déjà commencé, la Banque centrale européenne avertissant que l’industrie financière de la Grande-Bretagne, qui emploie 2,2 millions de personnes, perdrait le droit de servir les clients dans l’U.E. à moins que le pays ne signe pour son marché unique rapidement.
Toutefois, tous les membres de l'UE ne s’accordent pas sur le fait de forcer le processus. Quasiment seule en Europe continentale, la chancelière allemande Angela Merkel a cherché samedi à tempérer la pression exercée par Paris, Bruxelles et son propre gouvernement pour forcer la Grande-Bretagne à entamer la négociation d’un divorce rapide avec l’U.E. Elle a clairement indiqué qu’elle ne mettrait pas la pression sur Cameron après qu’il a indiqué que la Grande-Bretagne n’entamerait pas les négociations de sortie officielles jusqu’au mois d’octobre au moins.
« Les négociations doivent avoir lieu dans un climat positif et pragmatique », a déclaré Mme Merkel. « La Grande-Bretagne restera un partenaire proche, auquel nous sommes liés économiquement. »