Quand on pense aux usines chinoises, on imagine des milliers de travailleurs peu qualifiés faisant de longues heures pour un salaire minimum. Le visage du lieu de travail de la Chine, cependant, a changé, et aujourd’hui, les robots viennent bousculer de façon transparente les lieux de travail, de grands monstres pré-préprogrammée qui ont emménagé pour prendre la place des anciens travailleurs peu rémunérés.
La révolution robotique de la Chine était une réponse nécessaire aux problèmes économiques pressants du pays. À partir des années 1980, lorsque les dirigeants communistes de Pékin ouvraient les frontières au commerce mondial, c’est l’énorme main-d'œuvre abordable du pays qui a conduit la Chine à devenir le plus grand exportateur mondial de produits manufacturés. Des centaines de millions de Chinois ont migré de la campagne vers la ville et les possibilités d’emploi importantes les ont sortis de la pauvreté.
Mais la classe moyenne croissante et une population vieillissante, ainsi que la baisse d'intérêt pour les emplois peu qualifiés ont poussé les salaires a augmenter jusqu’à 253% au cours des dix dernières années, menant à l'érosion de l'avantage concurrentiel de la Chine après des décennies de croissance inexorable. Pour ces raisons, et le fait que la politique chinoise de l'enfant unique a officiellement pris fin en 2015, on prévoit que la population en âge de travailler du pays passera d’un milliard de personnes l'an dernier à 960 millions en 2030 et 800 millions en 2050.
Les robots comme solution
L'automatisation s’est révélé être le remède le plus efficace à la situation financière de la Chine, et la Chine a gravi les échelons à une vitesse sans précédent. Le pays est maintenant le plus grand utilisateur de robots industriels dans le monde, après avoir pris la place du Japon l'an dernier
Les robots ont prouvé leur valeur inestimable en réduisant le temps de production tout en apportant des économies sur les dépenses des travailleurs. Chez un fabricant de pièces d'ordinateur, il aurait fallu 40 personnes pendant une heure pour produire 800 souris d'ordinateur il y a trois ans. Avec l'introduction des robots, le même fabricant emploie seulement 10 personnes pour produire les mêmes résultats.
En plus des économies de temps et de coûts, les robots réduisent les erreurs d’origine humaine et agissent également pour éliminer les problèmes qui pourraient être causés par le roulement élevé du personnel. Aujourd’hui, plusieurs entreprises chinoises ont commencé à produire leurs propres robots, réduisant leurs coûts de 30 à 40% par rapport à ceux importés et offrant des services avancés tels que des designs et des couleurs personnalisées à la demande de leurs clients.
Malgré la réduction des coûts des robots fabriqués localement, de nombreux fabricants chinois préfèrent commander leurs travailleurs mécaniques et électroniques auprès des producteurs étrangers. Mais cela pourrait changer rapidement. Les gouvernements locaux offriront aux fabricants des subventions de plus de 150 milliards $ au cours des prochaines années pour les inciter à remplacer leurs travailleurs par des robots fabriqués localement. Une partie de l'objectif global de Pékin pour l'économie chinoise est de mettre à profits les travailleurs déplacés dans le secteur des services du pays, en pleine croissance.
Les inconvénients de la robotique
Il y a, bien sûr, des inconvénients à la révolution de la robotique en Chine. Plus de 40 pour cent de sa population de 1,4 milliard d’habitants continue de vivre à la campagne, une bonne partie dans la pauvreté, et elle n’a pas beaucoup bénéficié du phénomène économique urbain. Le gouvernement espère que les avantages de la promotion de la fabrication de pointe l'emporteront sur les dommages causés par les emplois potentiels perdus. La stratégie industrielle annoncée par Pékin l'an dernier - connue sous le nom de « Made in China 2025 » - est conçue pour améliorer la capacité technologique de ses usines, tout en soutenant le développement des marques chinoises à l'échelle internationale. En outre, selon un analyste, à mesure que les entreprises chinoises tenteront d'accroître leurs exportations pour atténuer l'impact du ralentissement du marché intérieur, elles seront susceptibles de se concentrer davantage sur la qualité de leurs produits
La diffusion des robots peut être bénéfique pour la Chine, mais elle complique l’accès des pays émergents à la croissance économique, et les avantages de la révolution de la robotique ne seront pas partagés à parts égales dans le monde entier. Les pays en développement tels que l'Indonésie et l'Égypte ont longtemps espéré suivre l'exemple de la Chine, ainsi que le Japon, la Corée du Sud et Taiwan qui ont réussi à stimuler la création d'emplois et la croissance économique en déplaçant les travailleurs agricoles dans les usines, à faible coût, pour fabriquer des produits destinés à l'exportation. L'augmentation de l'automatisation, cependant, est susceptible de générer beaucoup moins d'emplois pour la prochaine génération de la population des économies émergentes, qui pourraient ne pouvoir parvenir de la même façon à une croissance rapide en déplaçant les travailleurs des exploitations agricoles vers des emplois mieux rémunérés en usine.
Il semble aujourd’hui que rien ne peut arrêter la percée des robots. Boston Consulting Group prévoit que le pourcentage de tâches réalisées par des robots avancés passera de 8 pour cent aujourd'hui à 26 pour cent d'ici la fin de la décennie, avec en tête la Chine, l'Allemagne, le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis, qui, ensemble, représenteront 80 pour cent des achats de robots. La société rappelle en outre la loi de Moore, qui postule que la puissance de calcul pourrait doubler tous les 18 mois à deux ans. Selon un analyste au sein du groupe, « même si vous êtes très bon, les humains ne peuvent doubler leur productivité au mieux que tous les 10 ans ». En revanche, il estime que les chercheurs peuvent amener les robots à doubler leur productivité tous les quatre ans et « au fil du temps, cela fait une grande différence »