Les suites du référendum du Brexit ne sont pas encore actées et les marchés financiers attendent plus ou moins patiemment avant de bouger après leur mouvement initial.
Mais certaines conséquences se font déjà sentir dans des endroits qui n’avaient pas été prévus. Dans sa dernière annonce, la Banque d’Irlande a souligné que la décision Brexit du Royaume-Uni aura un impact majeur sur les régimes de retraite définis du groupe, conduisant selon elle à un déficit d’environ 1,6 million de dollars à la fin du mois de juin, un chiffre bien plus élevé que celui du mois de décembre, qui se situait à 980 million de dollars.
Selon certains économistes, l’Irlande ressent les effets du vote du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne plus que tout autre pays, les exportateurs avertissant que chute de la livre érodera les bénéfices et la croissance économique alors que la reprise associée au plan de sauvetage international de 2010 commençait finalement à se faire sentir.
Les actions irlandaises ont baissé, notamment car le Royaume-Uni est la première destination pour les exportations du pays après les États-Unis et la plus importante en matière de services. En outre, les nationalistes d’Irlande du Nord ont exigé un vote sur la réunification et, avec la perte de son principal allié, le Premier ministre Enda Kenny se retrouve dans une situation précaire.
Depuis 1973
La Grande-Bretagne et l’Irlande ont rejoint la Communauté économique européenne en 1973 et, depuis, les deux pays restent fortement liés économiquement, culturellement et linguistiquement avec l’Irlande qui réalise près de 45 milliards de dollars d’échanges avec le Royaume-Uni. Environ 30 000 personnes chaque jour traversentla frontière entre les deux pays, qui était réputée pour son trafic d’armes pendant la campagne de l’Armée républicaine irlandaise contre la domination britannique.
Près de 380 000 citoyens irlandais vivant au Royaume-Uniont pu voter lors du référendum du Brexit et, lorsque Theresa May a pris le poste de nouveau Premier ministre britannique mercredi dernier, Kenny a été parmi les trois leaders auxquels elle a parlé, avec Angela Merkel en Allemagne et François Hollande en France.
Les conséquences du Brexit pour l’Irlande sont massives selon certains économistes, surtout après une récession de huit ans qui commençait seulement à se dissiper. Un problème majeur est que l’Irlande du Nord qui continue à peser dans la balance. Les escarmouches continuent entre les gangs protestants et catholiques, qui sont divisés sur la question du Brexit, avec le vote « Leave » étant soutenu par le Democratic Unionist Party et le parti Sinn Fein principalement catholique soutenant lui le « Remain ».
Les analystes ne craignent pas un regain de violence à la frontière entre les deux nations. Ils se concentrent plutôt sur l’impact économique. Environ 40 pour cent des exportations de produits alimentaires irlandais sont envoyés au Royaume-Uni, et la chute de la livre affectant l’économie, les exportateurs agricoles et les agriculteurs sont les plus exposés à d'éventuels droits de douane supplémentaires.
Selon l’ancien Premier ministre John Bruton, « lorsque les deux pays ont rejoint l’Union européenne, devant part intégrante de quelque chose de plus grand, cela a favorisé une relation basée sur un respect égal. Cela risque maintenant d’être perdu, le Royaume-Uni se dirigeant dans une autre direction ».