Analyse Fondamentale du Forex pour 2018

L’utilisation de l’analyse fondamentale pour trader le Forex peut être très dangereuse quand elle n’est pas faite correctement. De façon ironique, les traders qui s’appuient sur l’analyse fondamentale plutôt que sur certaines formes d’analyse technique tendent à perdre de l’argent plus rapidement que s’ils s’en étaient tenus simplement à l’analyse technique. Cela semble étrange et contre-intuitif, mais c’est vrai. Dans cet article, j’expliquerai pourquoi l’utilisation exclusive de l’analyse fondamentale peut être dangereuse, puis je montrerai comment le bon type d’analyse fondamentale peut être utilisé pour améliorer votre trading, si vous souhaitez réellement l’utiliser. Je me concentrerai sur ce que la situation fondamentale sera probablement au début de l’année 2018. Vous n’avez certainement pas besoin d’utiliser l’analyse fondamentale pour gagner de l’argent à long terme sur le marché du Forex, mais cela peut aider.

Pourquoi les stratégies mécaniques fondamentales sont-elles plus pessimistes que celles de suivi des tendances ?

L’analyse fondamentale semble être une méthode raisonnable et prudente à utiliser pour décider du placement de votre argent. Après tout, si vous envisagiez d’investir dans une action, vous vérifieriez la situation financière de l’entreprise et vous renseigneriez sur le développement probable de l’économie sur l’horizon de votre investissement. Ne semble-t-il donc logique d’adopter la même approche pour le pays dont vous achetez la monnaie, même si votre horizon temporel est plus court que celui d’un investissement boursier ? C’est une approche logique, mais il existe deux problèmes immédiats dans l’application de ce principe au Forex. Premièrement, quels indicateurs fondamentaux allez-vous utiliser pour faire votre analyse fondamentale ? Deuxièmement, il semble clair que les monnaies nationales fiduciaires sont beaucoup moins affectées par les fondamentaux économiques que les marchés boursiers, donc même si vous choisissez les bonnes variables pour votre analyse, elles ne seront probablement pas très utiles. Les devises ne sont pas le « l’action » d’une nation, ce sont des titres de créance émis par sa banque centrale.

Considérons quelques-uns des indicateurs d’analyse fondamentale les plus populaires qui peuvent être appliqués aux devises : Analyse fondamentale du Forex pour 2018

  1. Valeur juste : vous prenez les coûts relatifs d’un panier de biens dans deux devises différentes, en vendant celui qui semble surévalué, et en achetant celui qui semble sous-évalué, en espérant que les valeurs fusionneront. C’est très logique, mais cela n’a tout simplement pas fonctionné ces dernières décennies. Cela ne tient aucun compte du fait qu’il existe de bonnes raisons pour lesquelles les biens et les services sont relativement plus ou moins chers dans différents pays.
  2. Différentiel de taux d’intérêt : les devises à taux d’intérêt plus élevés tendent à attirer davantage d’investissements, ce qui signifie que l’argent spéculatif doit passer des devises au taux d’intérêt plus bas aux devises au taux d’intérêt plus élevé. Par conséquent, il devrait être possible de profiter de l’achat de devises avec des taux plus élevés en utilisant des devises avec des taux plus bas. Un avantage supplémentaire d’une telle stratégie fondamentale est que les frais de roulement nocturnes facturés par votre broker devraient être faibles, ou même positifs en votre faveur, car ils se basent sur l’attente du marché des taux futurs. Les bonnes nouvelles sont que cette stratégie produit généralement un petit avantage positif. Les mauvaises nouvelles : l’avantage est mince, et la stratégie vous empêche de placer des ordres importants. Elle a également tendance à cesser de fonctionner pendant les périodes de turbulence du marché. Il peut apparaître de fortes tendances de prix à long terme qui vont à l’encontre des taux LIBOR pendant des mois. De plus, depuis quelques années, nous vivons à une époque où les taux d’intérêt sont bas, de sorte que les différentiels disponibles entre les principales devises mondiales sont très faibles.
  3. Croissance économique : acheter des devises avec un PIB élevé et/ou en hausse, et vendre des devises avec un PIB faible et/ou en baisse. Cela semble logique, mais il n’y a aucune preuve que cela fonctionne comme stratégie autonome.

Les banques centrales sont la clé

Si les approches fondamentales typiques sont imparfaites, quels sont vos choix restants ? Une meilleure stratégie d’analyse fondamentale doit s’aligner sur les positions des banques centrales. Considérez le fait que les banques centrales peuvent créer autant d’offre de leur devise qu’elles le souhaitent, et la réduire également, et elles ont (généralement) le pouvoir d’établir le taux d’intérêt de la dite devise. C’est là beaucoup de pouvoir pour faire évoluer le prix. Malheureusement, les banques centrales ne montrent pas de signes de « resserrement » ou de « détente », ce qui rendrait ce type de stratégie beaucoup plus facile ! Pourtant, il est possible de suivre vous-même les communiqués des banques centrales, publiés chaque mois (dans la plupart des cas), et lire les commentaires approfondis de ces communiqués, afin de développer votre opinion. Vous aurez probablement besoin des commentaires dans tous les cas, même si vous lisez les textes complets des communiqués des banques centrales ; à moins de savoir exactement quoi chercher, vous ne serez probablement pas en mesure de parvenir à une conclusion correcte. Une autre approche qui fonctionne bien est de rechercher des surprises dans les publications de la banque centrale. Par exemple, au moment de la rédaction de cet article, la Banque du Canada vient d’indiquer clairement que la hausse des taux en janvier 2018 est moins probable. Cela a surpris le consensus et la valeur du dollar canadien continue de baisser. Il est normal que la plupart des banques centrales fassent bouger leur monnaie, mais quand il y a un suivi le jour suivant au lieu d’un retour à la moyenne, cela peut être un bon signe d’un mouvement des prix axé sur les fondamentaux susceptible de durer plus longtemps.

Les banques centrales en 2018

Un bon point de départ pour un programme productif d’analyse fondamentale du Forex est de dresser une liste des principales banques centrales, par ordre d’importance, et de résumer leur attitude vis-à-vis de leur monnaie. On vérifie alors s’il existe des tendances correspondant à une divergence identifiée entre les banques centrales. Ce n’est pas une science exacte, et il est important de réaliser qu’il existe d’autres facteurs fondamentaux importants pouvant entrer en jeu. Un excellent exemple est le départ imminent de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, dont les conditions exactes sont encore en cours de négociation. L’économie britannique étant fortement dépendante des conditions de son commerce avec l’Union européenne, ceux-ci affecteront la livre, qui se renforcera avec un Brexit plus doux et chutera avec une sortie de l’UE plus dure.

Voici donc mon évaluation pour 2018 des positions des principales banques centrales (classées par ordre d’importance) sur le marché du Forex.

Réserve fédérale (dollar U.S.) – elle resserre sa politique monétaire, mais elle est préoccupée par le manque d’inflation, ce qui signifie que les données sur le taux d’inflation deviennent importantes. Si l’inflation est supérieure aux attentes du marché, le dollar devrait avoir tendance à augmenter en anticipant des hausses de taux futures plus nombreuses et plus rapides.

Banque centrale européenne (euro) – un resserrement minime, très prudent, est possible, mais les taux d’intérêt restent négatifs et l’inflation est quasi inexistante. Il est encore difficile d’imaginer une hausse du taux.

Banque du Japon (yen japonais) – il existe une certaine croissance économique, mais il semble que la Banque du Japon soit en pilote automatique, car aucun resserrement ni aucune hausse des taux ne sont attendus tout au long de l’année 2018 et au-delà. L’inflation reste très faible.

Banque d’Angleterre (livre sterling) – il existe peu de croissance économique, mais la Banque d’Angleterre semble enclencher un nouveau resserrement de la politique monétaire par des hausses du taux d’intérêt, car le taux d’inflation a atteint un taux annualisé relativement élevé de 3,1%. Sans l’inflation, il n’y aurait probablement pas de hausses de sitôt.

Banque nationale suisse (franc suisse) – c’est un cas particulier. Alors que presque toutes les principales monnaies nationales sont extrêmement faibles, la BNS maintient une politique monétaire extrêmement souple avec un taux d’intérêt négatif de -0,75 % pour empêcher le franc suisse de s’apprécier comme placement refuge. La politique a réussi à stabiliser le franc, et cette devise est un pari extrêmement dangereux. Elle présente une forte tendance à revenir à la moyenne et à rester stable, comme l’or ces dernières années. La croissance et l’inflation étant extrêmement faibles, la BNS est déterminée à empêcher la monnaie de s’apprécier.

Banque du Canada (dollar canadien) – le PIB et l’inflation ont été relativement sains, le taux d’intérêt s’établissant également à un niveau raisonnable de 1,0 %, mais les craintes récentes d’un ralentissement de la croissance ont évité la probabilité d’un resserrement monétaire rapide. C’est une chose à surveiller attentivement, mais nous pourrions assister au début d’un affaiblissement fondamental à long terme du dollar canadien.

Banque nationale d’Australie (dollar australien) – malgré des taux d’intérêt historiquement bas, l’inflation et la croissance restent obstinément faibles, et elles semblent se dégrader à mesure que les données sur le commerce sont moins bonnes que prévu. Nous ne verrons probablement pas un affaiblissement de la politique, mais un resserrement supplémentaire ne semble pas envisagé.

Banque nationale de Nouvelle Zélande (dollar néozélandais) – la croissance est relativement saine, bien que le PIB atteigne encore à peine à 1 % et que le taux d’inflation soit marginalement plus élevé que le taux d’intérêt relativement élevé. Le nouveau gouvernement semble déterminé à poursuivre un exercice d’équilibre en évitant tout resserrement réel tout en évitant un relâchement significatif. Tout ceci suggère une politique monétaire plutôt faible, bien que le marché ait été impressionné par la nomination d’un nouveau gouverneur qui devrait continuer à gérer l’inflation comme une priorité.

Conclusion sur l’état des fondamentaux du Forex

Il ne fait aucun doute que l’image globale des économies avancées énumérées ci-dessus est celle d’une politique monétaire généralement faible, avec peu de divergences en termes de croissance, de politique ou de taux d’intérêt. Cela indique un marché du Forex terne, ce que nous connaissons actuellement. Toutefois, on peut dire que, fondamentalement, le dollar américain semble actuellement relativement fort, suivi par l’euro. Une faiblesse persistante semble la plus probable pour le dollar canadien. Cela suggère que les ordres du Forex les plus fondamentalement convaincants correspondant à la situation technique sont des positions longues sur la paire USD/CAD, et éventuellement longues sur l’EUR/CAD également.

Il est d’une importance cruciale de ne trader des conclusions fondamentales que si elles correspondent à la situation technique. Il devrait y avoir une tendance raisonnable à long terme dans la direction des fondamentaux, ou du moins il devrait être clair que le prix échoue chaque fois qu’il tente d’aller à contre-courant. C’est la meilleure façon d’utiliser l’analyse fondamentale dans le trading du Forex. Cela suggère que les ordres soutenus par une combinaison de facteurs fondamentaux et techniques devraient être longs sur l’USD/CAD, longs sur l’EUR/CAD et éventuellement longs sur l’USD/JPY. L’analyse fondamentale, tout comme l’analyse technique, nécessite un examen constant de la situation, qui peut changer d’un mois à l’autre, ce qui fait que la situation actuelle n’est pas garantie pour l’ensemble de l’année 2018.

Adam Lemon
Adam est un trader Forex qui a 12 ans d’expérience sur les marchés financiers, dont 6 ans avec Merill Lynch. Il est diplômé en gestion de fonds and gestion d’investissement par le Chartered Institute for Securities & Investment au Royaume –Uni.
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