Réglementations de l’AEMF – Que Signifie la Baisse du Levier ?

L’Union européenne a publié de nouvelles réglementations s’appliquant au trading de détail du Forex, aux CFD, et aux de brokers d’options binaires encore présents sur son territoire. Si vous possédez un compte auprès de l’un de ces brokers, les réglementations vous toucheront lorsqu’elles entreront en vigueur à la fin du printemps et en été. Cet article décrit de quelle façon les nouvelles réglementations auront un impact sur votre résultat net.

Les nouvelles réglementations de l’AEMF en détail

En mars 2018, l’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF), l’autorité de régulation et de surveillance financière de l’Union européenne, a annoncé de nouvelles réglementations concernant la fourniture de contrats sur la différence (CFD) et d’options binaires aux investisseurs de détail. On ne sait pas exactement quand les règlementations entreront en vigueur, mais la date en mai ou juin 2018 semble être la plus probable, et les brokers du Forex et des CFD basés dans l’Union européenne (y compris au Royaume-Uni, pour le moment) sont forcés de s’y conformer. La réglementation devra être renouvelée par l’AEMF tous les trois mois pour rester en vigueur à long terme.

La réglementation concernant les options binaires est très simple : leur vente est désormais interdite. Pour faire simple, il s’agit de la fin des options binaires comme produit vendu à l’intérieur de l’Union européenne.

Les réglementations concernant les CFD sont plus complexes mais restent relativement claires. Premièrement, il existe une certaine confusion quant à ce qu’est exactement un CFD, de nombreux traders pensant que le Forex spot n’est pas considéré comme un CFD et sera donc exempté de la nouvelle réglementation. Ils ont tort : le Forex spot est techniquement défini comme un CFD. En fait, tous les actifs disponibles pour le trading auprès des brokers du Forex / des CFD devraient être soumis aux nouvelles réglementations.

Les nouvelles réglementations mettront en œuvre les changements suivants pour les comptes des clients de détail (plus d’informations sur qui constitue un « client de détail » plus tard).

  • Le levier maximal offert ne pourra dépasser 30 pour 1. Cela s’appliquera aux paires de devises principales telles que EUR/USD, GBP/USD, USD/JPY, etc.
  • Les autres paires de devises, les principaux indices boursiers et l’or feront l’objet d’un effet de levier maximal 20 pour 1.
  • Les actions individuelles ne peuvent être proposées avec un effet de levier supérieur à 5 pour 1.
  • Les cryptomonnaies sont soumise un effet de levier de 2 pour 1.
  • Les brokers seront tenus de fournir une protection contre le solde négatif, ce qui signifie qu’il sera impossible de perdre plus d’argent que vous n’en déposez.
  • Les brokers seront tenus de fermer les positions ouvertes d’un client lorsque les capitaux propres du compte atteignent 50 % de la marge minimale requise pour toutes les positions ouvertes. Cette disposition « d’appel de marge » peut être difficile à comprendre, elle sera donc expliquée plus en détail ultérieurement.
  • Aucun bonus ou toute autre forme d’incitation au trading n’est autorisé.
  • Les brokers seront tenus d’afficher un avertissement sur les risques normalisé qui inclura le pourcentage de leurs clients qui perdent de l’argent sur une période définie.

Comprendre la réglementation sur « l’appel de marge »

Pour bien comprendre la clause d’appel de marge de 50 %, un exemple s’avère utile. Imaginez qu’un client ouvre un compte auprès d’un broker du Forex, en déposant  Réglementations de l’AEMF100 € au total. Le client ouvre une position courte en EUR/USD, avec un mini-lot (un dixième d’un lot complet). Un lot entier d’EUR/USD vaut 10 000 €, ce qui signifie qu’un mini-lot vaut 1 000 €. Pour connaître la marge minimale requise pour soutenir cette position, nous divisons la taille de la position (1 000 €) par 30, ce qui revient à 33,33 €. C’est la marge minimale requise pour maintenir la position. La moitié de ce montant équivaut à 16,67 €. Supposons maintenant que la position progresse de façon défavorable pour le client, le cours de l’EUR/USD augmentant au-dessus du prix d’entrée. Dès que le cours augmente suffisamment pour générer une perte flottante de 83,33 € (soit 100 - 16,67 €), le broker doit clôturer la position, même elle n’a pas de stop-loss ou si elle n’a pas encore atteint ce dernier. En théorie, cela signifie que le compte d’un client ne peut jamais atteindre zéro. Les exemples impliquant plusieurs positions ouvertes seront plus complexes, mais fonctionneront selon les mêmes principes.

Qu’est-ce que cela signifie pour les traders ?

Les réglementations ne s’appliqueront qu’aux « clients de détail », vous pouvez donc demander à être classé comme un trader professionnel. Pour qu’un broker puisse vous classer autrement que comme un client de détail, vous devrez démontrer que vous possédez des qualifications financières, une grande quantité d’actifs liquides, beaucoup d’expérience au trading, et généralement que vous tradez fréquemment. La plupart des traders ne pourront pas le faire, mais il est intéressant de noter qu’un broker basée à Londres, IG Group, a déclaré que sa proportion de clients désormais qualifiés de « professionnels » a récemment augmenté de 5 % à 15 %.

L’impact majeur que ces réglementations auront sur les traders est simple : la taille maximale des positions placées auprès des brokers réglementés dans l’Union européenne diminuera. On pourra objecter que les limites maximales de levier autorisées sont encore largement suffisantes pour la grande majorité, ce que je ne peux que confirmer. Je me méfie de l’effet de levier et je déteste voir quiconque utiliser un effet de levier supérieur à 3 pour 1 au Forex dans toutes les conditions, ou n’importe quel effet de levier pour les actions et les cryptomonnaies. Les matières premières peuvent également voir leur valeur fluctuer considérablement. Trop de gens oublient que le plus grand danger dans l’effet de levier n’est pas une taille de position trop grande, c’est qu’un événement de type « cygne noir » tel que le crash rapide du CHF en 2015 peut arriver et vider votre compte via un énorme glissement des prix. Toutefois, un autre facteur est très souvent oublié : pourquoi supposer que le compte d’un trader auprès d’un broker du Forex constitue l’intégralité de ses fonds ? Par exemple, un trader peut avoir 10 000 $ en banque. S’il dépose 1 000 $ chez un broker offrant un effet de levier maximal de 300 contre 1, il peut trader jusqu’à 300 000 $. Avec une limite de levier de 30 pour 1, ce trader devra déposer la totalité de ses 10 000 $ pour trader dans les mêmes proportions. En un sens, ce trader pourrait maintenant avoir à prendre plus de risques pour avoir le même résultat, notamment si le broker fait faillite : il pouvait perdre « seulement » 1 000 $, là où il risque maintenant de perdre 10 000 $ ! Même sans protection contre le solde négatif, ce broker pourrait encore essayer d’obtenir 9 000 $ de plus auprès du client, qu’il risque théoriquement. Pourtant, nous avons vu après le crash du CHF que les brokers ne viennent pas après chaque client dont les pertes ont dépassé leur dépôt, en raison des frais juridiques et des problèmes de réputation que cela implique. Cela montre que bien que l’objectif déclaré de la réglementation soit de protéger les traders contre des pertes excessives, l’histoire n’est pas aussi simple.

En plus de devoir déposer une marge supplémentaire, et les appels de marge automatiques, l’autre changement majeur pour les traders sera qu’ils bénéficieront d’une protection contre le solde négatif. C’est une avancée positive qui, espérons-le, amènera les brokers à concentrer davantage sur les risques pris avec leur modèle d’affaires sur le marché. Ceci étant, un effet secondaire possible de la nouvelle réglementation est l’augmentation potentielle des dépôts moyens, ce qui permet aux brokers d’être plus stables et mieux capitalisées avec les fonds des clients. Deux remarques pour conclure : les brokers devront rapporter sur leurs sites Web le pourcentage de leurs clients qui perdent et gagnent de l’argent, bien que la période des statistiques à afficher n’est pas claire pour le moment. Cela aidera à avoir une meilleure vision du nombre de traders rentables, bien que certains brokers aient déjà publiés ce qu’elles prétendent être des statistiques précises montrant que les clients avec des comptes plus fournis ont tendance à mieux réussir. En outre, les bonus et les promotions seront désormais interdits. Je me réjouis de cela, car non seulement ils banalisent le sérieux du trading, mais il s’agit presque toujours d’une astuce offrant l’illusion d’un gain tout en empêchant les traders de retirer leurs profits jusqu’à ce qu’un grand nombre de transactions ait été effectué (lisez les petits caractères chaque fois que vous voyez un broker offrir un « bonus »).

Et si vous ne souhaitez pas rester dans l’UE ?

Les traders possédant des comptes chez les brokers affectés qui ne peuvent pas obtenir d’être reclassés en statut professionnel et estiment qu’ils ont vraiment besoin d’un levier supérieur que les limites de l’AEMF ci-dessus peuvent chercher une solution en ouvrant des comptes auprès de brokers basés hors de l’Union européenne. La destination la plus évidente serait l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, où il sera encore possible de trouver des brokers du Forex raisonnablement bien réglementés offrant un effet de levier de l’ordre de 400 pour 1. Une avancée récente dont on parle peu est la difficulté croissante de transférer des fonds vers et depuis les brokers du Forex dans les juridictions moins strictement réglementées. Vous pourriez décider d’ouvrir un compte auprès d’un broker au Vanuatu, mais vous pourriez constater qu’une banque de l’Union européenne pourrait refuser d’envoyer votre argent pour un dépôt. Cela signifie que cette option d’expatriation financière n’est pas toujours envisageable dans la pratique. Dans tous les cas, la nouvelle réglementation ne devrait pas rendre le trading impossible, et globalement, les avantages pour les traders semblent réels, aussi pourquoi migrer ?

Adam Lemon
About Adam Lemon
Adam est un trader Forex qui a 12 ans d’expérience sur les marchés financiers, dont 6 ans avec Merill Lynch. Il est diplômé en gestion de fonds and gestion d’investissement par le Chartered Institute for Securities & Investment au Royaume –Uni.
Suivez Adam Lemon sur twitter
Adam Lemon sur Google+

Les Avis sur les Brokers Forex les Plus Visités