Après des mois de va et viens dans les délibérations, le président Obama a accepté samedi soir d'assouplir les sanctions contre l'Iran en échange d'une réduction de certaines de ses activités nucléaires. L'annonce a été une surprise pour la plupart des observateurs du marché qui s'attendaient à entendre les nouvelles de la fin de la réunion au sommet entre Washington, Téhéran et d'autres puissances mondiales, jeudi dernier.
L'accord, qui a mis fin à une impasse de dix ans, a été atteint après de longues négociations à Genève entre l'Iran et les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Russie, la Chine et l'Allemagne. Il prévoit une limite à 5% de l'enrichissement d'uranium de l'Iran, bien en dessous du niveau nécessaire pour les armes nucléaires et un arrêt de l'enrichissement à 20% pour six mois.
L’embargo continue
Bien que les sanctions aient été réduites sur les pièces automobiles, l'or et les métaux précieux, l'embargo reste en place sur toutes les exportations de pétrole iranien jusqu'à ce qu'une solution plus durable émerge, garantissant que l’Iran n'utilise pas les technologies nucléaires à des fins non pacifiques.
La réponse du marché aux négociations sur le nucléaire iranien a été immédiate. Alors que les marchés mondiaux du pétrole se sont félicités de la nouvelle sur l'accord intérimaire, le Brent, l'indice de référence du prix du pétrole brut, a gagné plus de 3%. Les traders de pétrole brut font le pari qu'un accord à long terme pourrait restaurer la production de pétrole de l'Iran à des niveaux pré-sanctions, ce qui pourrait signifier un million de barils supplémentaires par jour sur les marchés mondiaux. Si le pétrole iranien devait en effet revenir sur les marchés internationaux, l'offre supplémentaire serait susceptible de faire baisser le prix du pétrole.
Les analystes sont assez prudents cependant puisque si les négociations finissent par s'effondrer, cela pourrait provoquer une hausse spectaculaire des prix du pétrole du fait du risque renforcé que l'Iran applique la menace déjà avancée de bloquer la voie cruciale de navigation du pétrole par le détroit d'Ormuz. Beaucoup d'analystes sont sceptiques quant à savoir si l'on peut vraiment faire confiance à l’Iran. Ils estiment que la baisse des prix était une réaction instinctive du marché à l'accord provisoire sur le nucléaire iranien et que le pacte ne sera pas de longue durée.
La 4ème plus grande réserve de pétrole
Selon l'Agence internationale de l'énergie, l'Iran occupe le rang de quatrième plus grande réserve de pétrole prouvée au monde et de deuxième plus grande réserve de gaz naturel. Les exportations de pétrole iranien ont chuté de 60% au cours des deux dernières années en raison des sanctions internationales. Les sanctions ont paralysé l'économie de l'Iran, qui repose sur les ventes de pétrole brut pour 80% de ses recettes d'exportation.
Dans le cadre des négociations sur le nucléaire iranien, les ventes de pétrole de l'Iran ne sont pas censées augmenter et les États-Unis a la capacité de faire pression sur les autres pays pour limiter la quantité de brut iranien qu'ils peuvent acheter. Jusqu'à présent, les Etats-Unis ont fait pression sur d'autres pays pour réduire leurs achats de pétrole iranien. La Maison Blanche est en train de changer sa position suite à l’accord et permet à l'Iran de maintenir en vente environ un million de barils par jour, ce qui était la moyenne de l'Iran sur les neuf premiers mois de cette année et représente 285 000 barils par jour de plus à l’exportation pour l'Iran qu’en Octobre.
Certains analystes estiment que le volume de pétrole brut iranien à la disposition du marché international restera en grande partie inchangé au moins au cours des six prochains mois. Bien que cela ne replace pas l'Iran au sommet des réserves de pétrole au niveau mondial, cela freinera certainement le mouvement baissier qu’ont subi les exportations de pétrole au cours des dernières années.